Riposte Internationale

Résolution du Parlement européen : le silence d’Alger

PE

Plusieurs jours après l’adoption par le parlement européen d’une résolution réclamant aux autorités algériennes la libération « immédiate et sans conditions » de l’écrivain Boualem Sansal, Alger se complait dans un silence qui prête à plusieurs interprétations.

Excepté les réactions, comme de coutume des soutiens du régime, aucune réaction officielle n’est enregistrée pour l’heure. Dans cette résolution, initiée par les élus de cinq groupes parlementaires et adoptée à une large majorité de ses membres, le parlement européen, outre la libération de Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre, réclame la libération de tous les détenus politiques, d’opinions ainsi que les journalistes incarcérés arbitrairement. C’est le cas notamment de Mohamed Tadjadit et de Abdelwakil Blam.

Le Parlement européen exhorte également les autorités algériennes à revoir les lois répressives, en particulier les articles 87 bis, 95 bis et 196 bis du code pénal, qui restreignent considérablement la liberté d’expression.

Par ailleurs, la résolution recommande le conditionnement des aides financières européennes à l’Algérie à l’amélioration notable en matière de respect de l’État de droit et des libertés fondamentales. Dans l’esprit du texte, le renouvellement des accords de partenariat UE-Algérie doit être conditionné à des progrès substantiels dans ces domaines.

Si prompts d’ordinaire à réagir aux résolutions et autres rapports émanant d’ONG et d’organismes internationaux, les autorités algériennes n’ont pas pour l’heure réagi à ce texte. Gêne ou volonté de ne pas exacerber davantage les tensions d’autant que les relations entre Alger et Paris, un des acteurs clé de l’UE, traversent une zone de turbulences ? Les autorités attendent-elles le passage de la tempête pour répondre aux députés européens ? L’attitude est d’autant délicate pour les algériens que l’adoption de ce texte intervient dans un contexte où l’Algérie a entamé des discussions avec ses partenaires européens pour la révision de l’accord d’association adopté en 2005. C’est dire la marge de manœuvre étroite pour les autorités algériennes même si visiblement elles considèrent qu’elles disposent de certains leviers politiques, dont la carte énergétique, l’immigration et celle de la lutte contre le terrorisme, pour faire valoir ses arguments auprès de ses partenaires européens.

 Seuls pour l’heure, les partis proches du pouvoir ou évoluant à sa périphérie ont réagi à cette résolution. Le Rassemblement nationale démocratique (RND), le Front de libération nationale (FLN), le Front El Mustakbal, le Mouvement El Bina, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et Sawt Echaâb ont tous dénoncé le texte du Parlement européen en le qualifiant d’initiative « « irresponsable » et d’une « ingérence dans les affaires intérieures » du pays. Une rhétorique qui anticipe peut-être sur la réaction du pouvoir.