Malgré le froid glacial de ces matinées du mois de novembre, le village Tizit, à quelques 1000 mètres d’altitude sur les hauteurs de Kabylie se prépare à un événement important. Tous les citoyens sont mis à contribution pour le réussir. Il s’agit de l’enterrement d’un des leurs qui revient après toute une vie passée loin des siens.
Tizit rendra ainsi un ultime hommage à un homme qui a marqué son temps. Mouhoub Nait Maouche que ses concitoyens appellent respectueusement Dda Lmuhuv est décédé la semaine dernière en France où il s’était installé dès les premières années de l’indépendance. Il revenait assez souvent, mais cette fois-ci pour y élire domicile à jamais. Dda Lmouhoub retrouvera les siens qu’il a dû quitter, mais pour lesquels il s’est donné corps et âme.
Dans son village natal, les préparatifs vont bon train. « Nous avons la responsabilité d’accueillir dignement le défunt », estiment des jeunes rencontrés avant-hier. Pour eux, Dda Lmouhoub mérite plus qu’un hommage. « C’est un homme d’une grande valeur humaine et militante », soulignent-ils.
Ils nous apprennent que le village s’est mobilisé, tant en Kabylie qu’en France pour rendre l’hommage mérité à ce vieux militant. « Je peux affirmer sans risque de me tromper que c’était grâce à lui et à son engagement en politique que nous avions pris conscience de notre situation », explique Dda Ahcène.
Il précise que le défunt sera rapatrié jeudi matin. « Il se peut que le cortège funèbre fasse une halte à la maison de la Culture de Tizi-Ouzou pour permettre aux citoyens de lui rendre hommage sans se déplacer jusqu’à ici ».
Pour l’enterrement, des membres du comité de préparation ont affirmé qu’il est prévu pour le vendredi au village Tizit, dans la commune des At Yellilten.
« Nous perdons un homme d’une grande dignité », pensent ses concitoyens qui se rappellent les débats qu’il animait à chaque fois qu’l était de retour au village. « Il s’était engagé d’abord au sein de l’ALN », se rappelle un des amis d’enfance du défunt. « Ensuite, a-t-il enchaîné, il s’était engagé au sein du FFS avec Si Lhafid et Ait Ahmed ».
« A cette époque, on considérait l’engagement politique pour des idéaux de démocratie comme de la folie », ajoute notre interlocuteur, non sans regret quant au fait, a-t-il lâcher, « d’avoir laisser ces hommes se battre presque seuls contre la machine d’un pouvoir féroce ».
« L’hommage premier à rendre à Lmouhoub est de poursuivre son combat pour la démocratie », estiment des jeunes qui débroussaillaient la route menant vers le centre du village…