Moudoud Nassim est né le 3 janvier 1984 à Ait Oujahane au nord de Sétif. Il quitte l’école très jeune pour se vouer au travail de la terre et prendre soin de ses parents. Malgré la rudesse du travail dans les champs, Moudoud arrive à faire de la terre familiale un paradis maraîcher dont il récolte olives, fruits et légumes naturels.
Dans son petit village à Thamga, il consacre ses moments libres à la musique, sa grande passion, et à la culture amazighe. Inspiré par les grands noms de la chanson kabyle, il compose des mélodies et des chansons en l’accompagnant par la mandole, son instrument préféré. Pour Nassim, la musique n’est pas un simple passe-temps, c’est un engagement profondément enraciné dans la culture. Plus tard, Nassim convertit une partie de l’ancienne maison familiale en un studio d’enregistrement, offrant un espace de création aux jeunes talents de la région.
Ses compositions, bien qu’enregistrées, restent dans le domaine familial. Le 13 décembre 2021, la quiétude de la vie de Nassim et sa famille est brutalement interrompue, lorsqu’une équipe de la gendarmerie nationale effectue une perquisition à son domicile. Accusé arbitrairement d’appartenir à une organisation terroriste en raison de ses publications sur les réseaux sociaux, Nassim est « arraché » à ses parents et à sa terre et placé en détention préventive à la prison d’Aïn Oulmene à Sétif. Il est notamment poursuivi pour « apologie du terrorisme » et « appartenance à une organisation terroriste », en vertu de l’article 87 bis pour des liens présumés avec le Mouvement pour l’autodétermination de la région de Kabylie (MAK), organisation classée « terroriste » par les autorités algériennes depuis mai 2021.
Le parquet requiert la peine capitale avec pour élément attentatoire une opinion sur les réseaux sociaux. En janvier 2023, Nassim est condamné en première instance à dix ans de prison ferme, mais sa peine est réduite à cinq années ferme en appel. Sa famille, ses amis et son village attendent la décision suite à l’appel au niveau de la Cour suprême, avec l’espoir ardent qu’il soit libéré.