Riposte Internationale

Mohamed Boudrina, un journaliste « oublié » qui a essayé d’être une voix du Sud

mohamed boudrina

Mohamed Boudrina est né le 12 juin 1974 dans la commune d’Aflou à Laghouat. Ce fils du Sahara est le seul garçon d’une famille de cinq enfants. Très tôt, dès le décès de son papa, Mohamed assume la responsabilité financière de la famille. Il occupe des petits boulots mais persévère dans ses études. Après trois tentatives, il obtient son baccalauréat avec l’idée de devenir « cadre » au sein de l’État. Mohamed développe une passion pour le journalisme au point où il quitte Aflou pour s’inscrire à un centre de journalisme à Annaba en mai 2012.

Au cours de ces années, Mohamed Boudrina étoffe son cursus par des formations, notamment un certificat d’assistant administratif de l’Institut national de la formation professionnelle. À son retour chez lui, il s’inscrit au Centre universitaire d’Aflou El Cherif Bouchoucha où il décroche une licence en sociologie et en organisation du travail, puis un master en sociologie.

En 2015, Mohamed réalise son rêve et rejoint l’équipe d’Al-Ajwaa TV en tant que reporter-journaliste. Mohamed mène plusieurs reportages sur les affaires locales et l’accès aux services publics. Son regard de sociologue et son parcours semé d’embûches l’incitent à mener des reportages auprès des populations vulnérables de Laghouat. Mohamed déploie des efforts importants pour le journalisme au sud, ce qui ne manquera pas de susciter des reconnaissances de la part des autorités.

Entre 2015 et 2019, Mohamed reçoit plusieurs titres d’honneur par le Wali, la protection civile et la police en guise de reconnaissance de son travail. En 2019, l’année du Hirak, il rejoint la chaine El Hayat TV en tant que journaliste, puis collabore avec la chaine El Bilad TV et la Radio de Laghouat. Mohamed couvre le mouvement social et considère que le Hirak est un moment historique qui doit être documenté par tous les journalistes du pays.

En décembre 2021, Mohamed se retrouve arbitrairement poursuivi avec 12 autres personnes d’Aflou dans deux affaires criminelles pour appartenance à une organisation terroriste (article 87 bis). La maison familiale est perquisitionnée, puis il est placé sous mandat de dépôt. Mohamed reste en détention préventive pendant 26 mois.

Condamné à deux années dans la première affaire à Laghouat et à trois années (dont deux années ferme) dans la deuxième affaire à Alger, Mohamed est présentement détenu à la prison d’Aflou.