Riposte Internationale

Lettre ouverte au Président Tunisien Kaïs Saïed

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Monsieur le Président de la République tunisienne, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) qui œuvre depuis 1996 pour le respect de l’État de droit, la promotion des valeurs démocratiques et la défense des droits humains, suit de très près l’évolution des affaires et des enquêtes judiciaires qui visent des personnalités politiques en Tunisie pour avoir exprimé leur opposition au coup de force du 25 juillet 2021. Depuis, ces personnalités sont l’objet de poursuites et de harcèlements à la suite de vos déclarations les qualifiant d’« insectes, de microbes, de virus » ou encore « un cancer nécessitant un traitement à l’arme chimique ».

Notre Comité constate dans ce contexte un recul considérable de la protection des droits humains en Tunisie. Depuis le 13 février 2023, plusieurs dizaines d’opposants sont arrêtés et sont l’objet de poursuites pénales pour des accusations non fondées de « complot contre la sûreté de l’Etat ».

Plusieurs dizaines d’autres, dirigeants politiques, journalistes, avocats, blogueurs, défenseurs des droits humains sont trainés devant des juridictions, civiles comme militaires, en vertu du décret-loi 54, un texte liberticide qui constitue une menace contre toute personne qui ose critiquer les autorités du pays.

Le CRLDHT est particulièrement préoccupé par la dégradation de l’état de santé physique et mentale de M. Jaouhar Ben M’barek qui a entamé une grève de la faim depuis le 25 septembre 2023, rejoint, le 2 octobre 2023, par d’autres personnalités politiques détenues arbitrairement, notamment Mohamed Khayem Turki, Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhaj et Abdelhamid Jelassi …

Le CRLDHT, qui renouvelle son soutien à M. Jaouhar Ben M’barek ainsi qu’à ses codétenus dans leur lutte contre la détention arbitraire et pour leur droit à un procès équitable, vous rappelle votre devoir d’assurer leur sécurité et le respect de leur dignité, en conformité avec les obligations de la Tunisie au regard du droit international relatif aux droits de humains. Il vous tiendra personnellement pour responsable de ce qui pourrait leur arriver qui puisse les mettre en péril.

Le CRLDHT appelle également à la libération immédiate de toutes ces personnes arbitrairement détenues et de celle de toute personne détenue ou arrêtée pour ses positions politiques, son opinion ou son action syndicale ou journalistique. Veuillez agréer, Monsieur le Président , l’expression de notre haute considération.

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

Membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme