Le journaliste et chroniqueur Saâd Bouakba, figure connue de la scène médiatique algérienne, a été placé hier en détention provisoire à la suite d’une plainte déposée par la fille de l’ancien président Ahmed Ben Bella. Cette plainte fait suite à des déclarations du journaliste publiées sur un site électronique, dans lesquelles il faisait référence à des informations tirées selon lui d’un ouvrage largement diffusé et accessible au public.
Saâd Bouakba ne possède plus de passeport, ce dernier étant confisqué par les autorités. En conséquence, son placement en détention soulève d’importantes interrogations, notamment sur la proportionnalité de la mesure. Selon plusieurs observateurs, la loi permettait de le juger libre, le risque de fuite étant objectivement inexistant.
Cette affaire relance un débat plus large sur la liberté d’expression en Algérie et sur la manière dont les procédures judiciaires sont appliquées dans des cas impliquant des journalistes, particulièrement lorsqu’il s’agit de débats historiques ou politiques.
Les propos de Bouakba, qu’il présente comme un simple renvoi à un contenu déjà publié dans un ouvrage public, auraient pu, estiment certains juristes, être discutés ou contestés dans un cadre contradictoire et transparent, sans recours à une mesure aussi lourde que la détention provisoire.
Au moment de son incarcération, Saâd Bouakba s’est adressé au juge dans un moment de détresse profonde :
« Je souhaite mourir en prison pour que vous soyez enfin débarrassés de moi… J’en ai assez de cette situation. Tous les gens de ma génération sont déjà partis. Je ne sais même plus ce que je fais ici. »
Des mots qui résonnent comme le cri d’un homme épuisé, mais aussi comme un symbole de l’état actuel du climat politico-judiciaire autour des questions de liberté d’expression.
En attendant son procès prévu jeudi, la situation continue d’alimenter les réactions d’indignation, de solidarité ou de débat, et pose une nouvelle fois la question de l’équilibre délicat entre la justice, le respect de la loi et la protection du droit fondamental à la libre expression.