Le Collectif des amis du Manifeste pour l’Algérie nouvelle (CAMAN) a rendu public le communiqué suivant.
Les acteurs de la révolution populaire ignorent superbement la énième mascarade d’une constitution octroyée par un pouvoir illégitime. La manœuvre ne rencontre qu’indifférence chez l’opposition légale et peu d’intérêt même chez les clientèles du pouvoir.
Les laudateurs et experts de service n’arrivent pas à capter l’attention de l’opinion publique. Dans les rangs mêmes du régime, issu du coup de force contre-révolutionnaire du 12 décembre 2019, la reprise violente des luttes de clans, au plus haut niveau, décline des enjeux de pouvoir autrement moins juridiques. Le marasme, pour ne pas dire l’effondrement du système national de santé face à l’épidémie du Coronna se lit d’abord comme un bilan tragique d’un personnel politique incompétent et, pour l’essentiel, inchangé depuis vingt ans. Le désastre a été heureusement compensé par la maturité civique et le confinement volontaire des citoyens.L’irresponsable absence d’un plan socio-économique de prise en charge des larges catégories démunies mises à mal par des mois de confinement sanitaire, les pertes d’emploi et la non assistance aux PMI/PME, ont exacerbé la colère populaire et la crise économique. Pour autant, le fléau sanitaire reste encore un danger potentiel et requiert la plus grande vigilance de tous pour préserver les vies humaines ainsi que les chances de reprise durable et efficiente de la révolution populaire. Le recours à une loi de finance complémentaire, toute administrative et sans vision ni ambition économiques opérantes, atteste du renoncement effectif à l’impératif économique, juridique et à l’engagement moral public de récupérer les centaines de milliards de devises détournés. Le rejet populaire de l’agenda de restauration du système autoritaire se confirme plus que jamais, en plein confinement, notamment à travers les réseaux sociaux. Les prémices de reprise encore plus massive des manifestations populaires en faveur du démantèlement de l’Etat policier et de l’instauration de la démocratie, s’affichent chaque jour plus déterminées et affolent un sérail aux abois.Au lieu de profiter de la suspension des manifestations populaires pour enclencher une dynamique de détente politique, le pouvoir use et abuse du fait accompli pour imposer sa démarche unilatérale brutale. Suprême provocation contre le peuple, la coalition des partis coresponsables du désastre politique et économique et ses nouveaux appareils-alliés s’échauffent, en toute liberté malgré le confinement, en vue de prochains simulacres référendaire/électoraux promis d’avance au refus populaire. Devant les signes implacables de l’échec de la stratégie de restauration du système prédateur, le pouvoir illégitime, relance les « opérations » de division du peuple et de dénaturation/récupération de sa révolution démocratique.De nouveau, les arrestations et l’arbitraire judiciaire se conjuguent avec l’instrumentalisation de la crise sanitaire du Covid 19, dans le vain espoir d’enrayer la mobilisation citoyenne pour le changement démocratique. A contre courant de l’Histoire, les décideurs de l’ombre s’obstinent à s’opposer à la volonté de leur peuple. Face au droit de la force, le CAMAN condamne la répression et l’embrigadement/instrumentalisation de l’appareil judiciaire contre les militants de la révolution populaire. Il exige l’arrêt de toutes les poursuites contre les militants révolutionnaires et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques ainsi que leur réhabilitation juridique, sociale, matérielle et morale.Partie prenante de la révolution citoyenne en cours, le CAMAN appelle les citoyennes et citoyens à rester mobilisés pour reprendre, dés que l’épidémie du Covid-19 refluera, l’engagement politique pacifique pour le parachèvement et l’aboutissement de la révolution démocratique. A l’instar des plus larges secteurs du peuple révolutionnaire, le CAMAN rejette l’agenda frauduleux du pouvoir. Il considère que la seule solution efficiente pour dégager le système autoritaire et prédateur est une transition démocratique autonome supervisée par une Conférence nationale souveraine. Celle-ci réunira les conditions juridiques, politiques et matérielles pour l’élection d’une Assemblée nationale constituante dans laquelle les représentants élus du peuple jetteront les jalons d’une véritable république qui consacre un Etat civil et de droit, démocratique et social, fondé sur la séparation des pouvoirs, la séparation entre religion et politique, l’égalité, les libertés individuelles et collectives, les droits de l’Homme dans leur intégralité et universalité et la refondation de l’Etat et plus large décentralisation en faveur des instances régionales et locales éluesDans l’immédiat, il est urgent de pallier à la faiblesse structurelle de la société civile et de l’opposition politique partisane par l’auto-organisation citoyenne. Concrétiser les objectifs fondamentaux de la révolution démocratique sus-énoncés exige la mobilisation la plus large.C’est en ce sens que le CAMAN déclare sa volonté de s’engager aux cotés de toutes les forces citoyennes (collectifs, syndicats, associations…) pour une coordination nationale touchant toutes les régions du pays.
L’objectif sera d’établir le consensus autour d’une plate forme politique populaire démocratique en vue de tenir un Congrès national citoyen. Il s’agit de cristalliser et consolider un rapport de force révolutionnaire organisé pour arracher la fin de la dictature à travers une période de transition indépendante du système autoritaire et de ses symboles couronnée par l’élection d’une Assemblée constituante souveraine.
Le droit triomphera de la force, la liberté vaincra la tyrannie.