L’activiste Said Riahi a été condamné à dix-huit mois de prison ferme par le tribunal de Ain Timouchent le 12 février dernier. Pendant son procès, il a révélé avoir été victime de torture et de mauvais traitements pendant sa garde à vue, entre le 19 et le 28 novembre 2022, au centre des services de renseignements d’Oran. Voici son témoignage rapporté par sa famille :
« Le 19 novembre 2022, j’ai été interpellé sur mon lieu de travail, et j’ai été conduit au centre de renseignements d’Oran avec un sac noir sur la tête. Durant les interrogatoires, j’ai enduré des actes de torture physique…on m’a brisé une côte à gauche et mes dents…on m’a forcé à boire plus de 20 litres d’eau jusqu’à l’apparition de mousse dans ma bouche. Ils ont ensuite placé un fil électrique sur ma bouche pour me contraindre à avouer une prétendue complicité dans l’immigration clandestine de Brahim Laalami vers l’Europe.
Après neuf jours de torture insoutenable, j’ai été présenté devant le procureur de Ain Timouchent. Lors de mon entrée au tribunal, j’ai été menacé avec une arme sous les caméras de surveillance, on m’a intimé de garder le silence sur les actes de torture. Durant mon audition, en violation de la loi, ils m’ont accompagné au bureau du procureur. Malgré ces intimidations, j’ai eu le courage d’exposer les que j’ai subies. Par la suite, j’ai été ramené au même centre, où j’ai été soumis à une nouvelle fois à la torture en représailles. Le 29 novembre, j’ai été incarcéré, privé de visites familiales et d’accès à un médecin pour dissimuler les séquelles de la torture ».
Un membre de la famille de Said Riahi raconte le déroulement de l’audience :
« Lors de l’audience, le procureur a initialement nié avoir reçu la plainte sur la torture. Cependant, mon frère l’a confronté en lui rappelant lui avoir montré le t-shirt maculé de sang et les marques de la torture. Après une certaine réticence, le procureur a finalement admis avoir reçu la plainte, mais aucune action n’a été entreprise depuis 18 mois. ( Cette situation me rappelle une précédente injustice où j’avais porté plainte contre l’établissement pénitentiaire de Bouira et son directeur, mais je suis passé de victime à coupable et on m’a condamné injustement à un an de prison.
Les réquisitions du procureur et de l’avocat représentant le trésor public ont manifestement été du côté des forces de sécurité, dépassant le cadre de l’affaire d’immigration clandestine. Ils ont rejeté la possibilité des actes de torture, accusant les activistes du hirak de ternir l’image des services de sécurité, allant jusqu’à nier la liberté d’expression au nom des droits humains »
Avec CNLD