Riposte Internationale

Koukou éditions dénonce l’interdiction brutale de la présentation d’un livre à Bejaïa

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Koukou Éditions a réagi à l’interdiction d’une rencontre littéraire, qu’elle avait organisée le 29 juin, à la librairie Gouraya Culture à Bejaïa. Dans un communiqué, elle relate les faits de cette brutale interdiction au sein même de la librairie et dénonce « un statut particulier » dans la répression en Kabylie. En effet, la police et la BRI ont pénétré dans la librairie et procédé à l’arrestation des personnes présentes, dont le libraire, le directeur des éditions Koukou Arezki Ait Larbi, l’écrivaine Dominique Martre venue présenter son livre, son époux, la militante féministe Yasmine Chouaki, des journalistes ainsi que des personnes parmi le public. Ils ont tous été retenus au commissariat central de Bejaïa jusqu’au soir, avant d’être finalement libérés après avoir été interrogés et avoir signé des procès-verbaux.

Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité du communiqué :

Kabylie : en finir avec le « statut particulier » dans la répression !

L’arbitraire policier a encore frappé ! Samedi 29 juin, vers 15h 30mn, une escouade des forces combinées de la BRI et de la BMPJ a pris d’assaut la librairie Gouraya de Bgayet, pour empêcher la présentation d’un livre ! L’auteure, son mari, son éditeur, le libraire et toutes les personnes présentes ont été arrêtées et placés en garde à vue au commissariat central. Nos pièces d’identité et les téléphones portables ont été confisqués ; malgré notre insistance, l’appel à nos familles ou à un avocat nous a été refusé. Après interrogatoire, toutes les personnes arrêtées ont été remises en liberté vers 20h.

« La Kabylie en partage », le livre qui a déclenché la réaction intempestive de la police, a été pourtant édité légalement par KOUKOU Editions et disponible en librairie depuis mars 2022. L’auteure, Dominique Martre, témoigne, avec affection et respect, de son séjour dans les années 1970, à M’chedallah (ex Maillot) dans la wilaya de Bouira, où elle était professeure de français, et de ses relations conviviales avec ses élèves et leurs parents.

Cette démonstration de force de la police est d’autant plus surprenante et incompréhensible que deux jours auparavant, le même livre a été présenté, sans problème, dans une librairie d’Alger-centre.

Voilà pour les faits.

Que peut-on en conclure ?

Au-delà des spéculations sur les dessous de cette curieuse opération, ses commanditaires et leur objectif, un constat s’impose. Implacable. Dans la chape de plomb liberticide qui paralyse le pays depuis la mise au pas du Hirak, la Kabylie est soumise à un impitoyable « statut particulier » dans la répression. Aux violations récurrentes des droits de l’Homme, aux arrestations musclées de militants pacifiques et aux humiliations infligées à leurs familles, aux condamnations arbitraires d’innocents à de lourdes peines, s’ajoutent l’interdiction des cafés littéraires et des salons du livre, la prohibition de tout débat et de toute activité culturelle autonome, y compris à l’université. Ces agressions liberticides, illégales et discriminatoires visent à domestiquer les esprits par la terreur, et soumettre ainsi les velléités d’émancipation citoyenne au contrôle policier.

A la veille de la célébration d’une indépendance confisquée par les patriotes du journal télévisé, ce tour de vis autoritaire qui tente de semer la discorde dans le pays en enfermant la Kabylie dans un état de siège permanent, doit être dénoncé comme un impardonnable crime contre la nation.

En attendant le sursaut populaire qui permettra à l’Histoire de reprendre son cours vers le respect de notre citoyenneté plurielle et de nos libertés, l’urgence est à la solidarité avec les détenus d’opinion et leurs familles.

Bgayet, le 30 juin 2024.

Arezki AIT-LARBI

Directeur de KOUKOU Éditions.