Riposte Internationale

Kamira Nait Sid, l’engagement pour l’amazighité أطلڤوهم#

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Kamira est née à Tifilkout, village de la région d’Illilten, dans les montagnes de Kabylie. Initiée à la chose publique depuis son jeune âge par sa maman (Na nouara), ancienne révolutionnaire et femme de terrain, Kamira va devenir une militante infatigable de la cause amazighe et de la démocratie.

Surnommée par bon nombre de militants « la doyenne », Kamira débute son engagement politique durant le collège, puis à l’Université de Tizi-Ouzou, dans les comités autonomes des années 90 aux côtés de sa défunte sœur, Karima. L’Algérie venait de s’engager dans le multipartisme et la Kabylie vibrait dans l’enthousiasme d’une démocratie, encore à construire. Après un bref passage par l’association féministe Thighri n’Temettut (Cri de femme) en 1990 et un engagement auprès de l’association culturelle Tafat, elle devient sympathisante du parti du RCD (Rassemblement pour la culture et démocratie). Mais c’est au sein du Mouvement culturel berbère (MCB), dont elle vit les divisions, que Kamira trace son chemin durant les années 90. En 2001, Kamira rejoint naturellement le Mouvement des Âarchs né à la suite des violentes émeutes (Printemps noir) qui ébranlent la Kabylie.

Le Mouvement rend public son programme politique dans le document qui porte le nom de « plateforme d’El Kseur », mais Kamira considère que les enjeux politiciens l’emportent sur les fondements du projet et finit par quitter le Mouvement en 2003, estimant notamment qu’il a échoué à intégrer les femmes. À cette époque, avec deux militantes du Mouvement, Faroudja Moussaoui et Nacera Haddouche, elle fonde le Collectif des femmes du Printemps noir dont elle est encore présidente. En mai 2001, ce collectif co-organise avec le Mouvement des Âarchs une manifestation de plus 50 000 femmes à Tizi-Ouzou qui revendique l’arrêt des massacres et le départ de la gendarmerie nationale. Kamira reste à l’écoute de sa région, la Kabylie, dans laquelle elle semble ancrer son combat. En mai 2006, Kamira défend les droits culturels et politiques des Amazighs à la session permanente de l’ONU sur les peuples autochtones à New York. La même année, elle participe au premier Congrès des peuples autochtones francophones au Maroc. Kamira Nait Sid s’est également investi sur un autre terrain : celui de la formation des cadres associatifs.

Aujourd’hui, c’est au sein du Congrès mondial amazigh (CMA), une organisation non gouvernementale dont le mandat est la défense et la promotion des droits des peuples amazighs, qu’elle s’engage pleinement. Kamira plaide devant plusieurs instances des Nations unies notamment sur les questions de discrimination, des droits politiques, culturels et linguistiques et des droits des femmes. Elle devient également membre de l’IPACC, le Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique.

Le 24 août 2021, Kamira Nait Sid est enlevée à son domicile à Draa Ben Khedda (Tizi Ouzou) par les forces de sécurité, puis gardée en détention dans un lieu inconnu pendant trois jours, sans contact avec sa famille ou ses avocats. Elle est placée en détention préventive à la prison de Koléa (Tipaza) pour des accusations graves, notamment d’« appartenance à une organisation terroriste », en vertu de l’article 87 bis (terrorisme) du Code pénal. Elle sera condamnée à trois années de prison et se trouve présentement au centre pénitencier de Koléa.