Le Collectif des familles des détenus de Larbaa Nath Iraten a annoncé avec une profonde tristesse le décès de Massinissa Khellili, originaire du village de Tawrirt Muqren, à l’âge de 44 ans. Ancien prisonnier dans le cadre de l’affaire de Larbaa Nath Iraten, il est considéré comme l’une des victimes directes d’une injustice dont les effets se font encore ressentir bien au-delà des prisons.
Une existence marquée par l’incarcération
Arrêté dans des conditions dénoncées comme arbitraires par plusieurs organisations de défense des droits humains, Massinissa Khellili aurait subi de lourdes séquelles psychologiques à la suite de son emprisonnement. Selon le Collectif, cette épreuve a profondément bouleversé sa vie et fragilisé sa santé, tant mentale que physique.
« Son départ rappelle une fois encore la cruauté de l’injustice et le lourd tribut payé par nos frères détenus », indique le communiqué publié ce matin.
L’affaire de Larbaa Nath Iraten : un dossier toujours sensible
Cette affaire est liée au meurtre en 2012 de Djamel Bensmaïl, un jeune artiste originaire de Miliana, venu à Larbaa Nath Iraten pour soutenir les sinistrés des incendies. Pris à tort pour un pyromane, il avait été lynché et tué dans des conditions atroces, un drame qui avait bouleversé le pays.
À la suite de ce crime, des dizaines de personnes avaient été arrêtées et plusieurs condamnées à mort. Le procès s’est étalé sur plusieurs années, impliquant 94 accusés. En appel, le 23 octobre 2023, 38 personnes ont été condamnées à mort. Six autres ont écopé de 20 ans de prison, une de 10 ans, et 23 ont reçu des peines allant de 3 à 10 ans, tandis que 27 ont été acquittées.
Les accusations retenues concernaient l’homicide volontaire avec préméditation, l’incendie volontaire ayant entraîné la mort, le complot contre la sécurité de l’État et l’appartenance présumée au MAK, classé comme organisation terroriste par les autorités.
Ce procès a été marqué par de nombreuses irrégularités, des accusations de torture et des aveux forcés, ce qui a suscité une forte indignation en Algérie et à l’étranger. En 2024, la Cour suprême a ordonné la réouverture du dossier, ouvrant la voie à un nouveau procès, avec l’espoir d’une révision plus équitable. Les familles des détenus et plusieurs notables de la région avaient sollicité cette révision auprès du président de la République.
Beaucoup estiment que ce procès a été instrumentalisé politiquement. Des accusés n’étaient pas présents sur les lieux du crime, et plusieurs familles de victimes ont refusé de se constituer partie civile, jugeant que les véritables responsables n’étaient pas parmi les inculpés.
L’affaire est devenue un symbole de la lutte pour la justice en Algérie, et la mort de Massinissa Khellili vient en rappeler tragiquement la dimension humaine.
Un souvenir à entretenir
La disparition de Massinissa Khellili souligne que les répercussions de cette affaire dépassent le cadre judiciaire. Elles affectent les familles, les communautés et entretiennent un sentiment persistant d’injustice.
Le Collectif appelle à préserver sa mémoire et à inscrire son nom dans le combat pour la vérité et la justice.
« Qu’il repose en paix, victime d’une injustice qui ne doit pas sombrer dans l’oubli », conclut le communiqué.