Le Conseil judiciaire d’Alger a rendu une décision lourde de sens dans un contexte marqué par une dégradation continue des libertés fondamentales. Les peines ont été alourdies à l’encontre de cinq anciens détenus d’opinion — Mohamed Tahar Boutch, Mezghiche Walid, Mohamed Chérif El Manaâ, Lamine Troudii et Sofiane Dehamsi — condamnés à un an de prison ferme, assorti d’une amende, sans mandat de dépôt.
Cette décision intervient alors que le parquet avait requis vingt (20) ans de prison ferme, une demande jugée disproportionnée par de nombreux observateurs et défenseurs des droits humains. Si la peine prononcée est nettement inférieure aux réquisitions, elle demeure néanmoins une condamnation pénale ferme contre des personnes déjà incarcérées par le passé pour leurs opinions et leur engagement.
Ces cinq hommes sont tous connus pour avoir été détenus en raison de leurs prises de position ou de leur militantisme pacifique, dans un climat où la criminalisation de l’expression politique et citoyenne reste une pratique dénoncée par plusieurs organisations nationales et internationales. Les poursuites répétées à leur encontre soulèvent de sérieuses questions sur le respect du principe de non-harcèlement judiciaire et du droit à la sécurité juridique.
Des défenseurs des droits humains estiment que ces condamnations s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à maintenir une pression judiciaire constante sur les anciens détenus d’opinion, même après leur libération, compromettant leur droit à une réinsertion normale et à une vie libre de représailles.
Plus largement, cette affaire relance le débat sur le respect des libertés d’expression, d’opinion et d’association en Algérie, garanties par la Constitution mais également par les conventions internationales ratifiées par le pays, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Des ONG et collectifs de défense des libertés appellent à la fin des poursuites contre les prisonniers et anciens prisonniers d’opinion, à l’abandon des peines privatives de liberté pour des faits liés à l’expression pacifique, et à l’ouverture d’un véritable dialogue en faveur de l’État de droit.