De son vrai nom, Chemseddine Laâlami (32 ans), Brahim est né le 26 avril 1992 à Bordj-Bou-Arreridj. Issu d’une famille modeste et pieuse, Brahim commence à apprendre le Coran dès son jeune âge, poussé par ses grands-parents et son père. Il étudie notamment à Tamoukra à Akbou (Bejaia) où il apprend le Tamazight ainsi que dans une Zaouïa du quartier populaire de Bab El Oued (Alger). Brahim Laâlami passe une partie de sa jeunesse à Alger et ses parents l’inscrivent à l’école Omar Ibn Khattab du quartier de Ruisseau.
Durant son adolescence, Brahim développe une passion pour la couture dont il fait son métier. Grand passionné de musique Chaâbi, il occupe ses temps libres en jouant de la mandole et en composant des chansons qui racontent le quotidien difficile de sa génération. Après plusieurs années de travail en tant que couturier en Algérie, il tente une expérience en Turquie avec l’espoir de travailler dans l’un des grands ateliers d’Istanbul. Brahim revient en Algérie car le pays et sa famille lui manquent. Son expérience à l’étranger l’a cependant enrichi et il retourne chez lui, plus conscient que jamais, de la misère sociale des jeunes en Algérie.
Le 13 février 2019, dix jours avant le mouvement citoyen, Laâlami s’oppose publiquement à un éventuel « 5e mandat » de Bouteflika en portant une affiche «Non au 5e mandat », devenue virale sur les réseaux sociaux. Très suivi depuis 2019, Brahim Laâlami publie régulièrement des vidéos d’espoir et d’incitation à l’engagement pacifique. Il devient rapidement l’un des jeunes activistes les plus dynamiques du Hirak, ce qui lui vaut au moins 12 affaires judiciaires depuis 2019 et six détentions.
Il est également victime d’agressions et d’un enlèvement forcé pendant cinq jours entre le 1er et le 5 novembre 2019. Brahim Laâlami cumule une durée totale d’emprisonnement de 30 mois depuis sa première détention le 21 novembre 2019. Sa famille subit un acharnement policier et judiciaire continu. Ses trois frères ont tous été poursuivis judiciairement et deux ont été mis en prison.
En raison des pressions subies et dans le but de laisser sa famille vivre en paix, Brahim quitte l’Algérie le 28 juin 2021 de manière clandestine dans un bateau de la harga en direction de l’Espagne. Il ne réussit pas à rejoindre l’Europe. Secouru en mer par les garde-côtes espagnols, il est refoulé vers l’Algérie quelques jours après malgré les risques qu’il encourait. Selon ses proches, les autorités algériennes ont mis la pression pour obtenir son rapatriement forcé.
Arrêté le 19 novembre 2022 à Aïn Témouchent, il est placé sous mandat de dépôt à la prison d’El Khroub puis à Boussouf (Constantine) pour des accusations criminelles, dont celui de trafic de drogue. Aucune preuve matérielle n’est fournie, mis à part la déclaration d’un trafiquant cité dans le dossier, afin de salir sa réputation. L’accusé principal de ladite affaire a cependant déclaré publiquement lors de l’audience qu’il avait subi de mauvais traitements pour impliquer Brahim.
Laâlami mène une longue grève de la faim pendant deux mois pour protester contre sa détention. Il est tout de même condamné par le pôle pénal spécialisé de Constantine à cinq ans de prison. À la fin de 2023, la famille Laâlami perd contact avec Brahim. Le père Laâlami se rend à Constantine à plusieurs reprises, mais l’institution pénitentiaire refuse de lui donner des informations précises sur son transfert vers une nouvelle prison. Finalement, après plus d’un mois de recherche, la famille apprend que Brahim est détenu à la prison de Ain Témouchent. Il se trouve depuis quelques jours à la prison de Tlemcen.