Oulahlou ne chante plus.
Ou plutôt, on l’empêche de chanter. Interdit de scène dans son propre pays, empêché de sortir pour chanter ailleurs, il vit dans un silence forcé. Un silence réservé aux voix libres, à celles qui dérangent. Réduit au silence comme on étouffe un cri dans l’œuf. Bâillonné, marginalisé, assigné à résidence dans une solitude culturelle, il subit l’effacement organisé d’un artiste pourtant adulé, estimé, et profondément respecté.
Ce n’est pas lui seul que l’on réduit au silence, mais aussi tous ceux qu’il portait avec lui. Car Oulahlou, ce n’est pas un chanteur quelconque. C’est une voix indomptable. Celui qui dit ce que d’autres taisent. Celui qui chante ce que d’autres censurent. Dans ses paroles résonne une vérité brute que les oreilles dociles refusent d’entendre. Il n’a jamais chanté pour séduire. Il a toujours chanté pour éveiller. Il n’a jamais caressé dans le sens du poil. Il a toujours frotté là où ça fait mal, là où ça devrait faire mal.
Pendant que d’autres artistes remplissent les scènes, bénéficient de tournées, de budgets publics, de soutien officiel et médiatique, Oulahlou est frappé d’interdiction. On lui refuse la scène. On lui ferme les portes. On cherche à l’effacer. Car dans ses chansons, il y a de la mémoire, de la révolte, de l’ironie, de la justice. Il est le concentré de tout ce qui effraie les gardiens du silence.
Oulahlou est un artiste qu’il faut défendre. Un homme qu’il faut protéger.
Car en s’attaquant à un artiste, ce n’est pas seulement une voix qu’on tente d’éteindre. C’est une mémoire que l’on bâillonne, une conscience qu’on veut anesthésier, une résistance qu’on cherche à museler. Il est temps que cela cesse. Il est temps de briser ce silence injuste qui entoure l’interdiction de scène à un artiste qui n’a fait que chanter la vérité. Ce n’est pas une simple censure. C’est une atteinte grave à la liberté artistique, à la dignité d’un homme qui ne vit pourtant que de son art.
Ne laissons pas Oulahlou dans l’oubli. Soutenons-le.
Portons sa voix là où l’on veut qu’elle se taise. Car tant qu’il y aura des artistes comme lui, le peuple ne sera jamais totalement vaincu. Et ce, même si certains artistes n’hésitent pas à faire fortune en se taisant sur la douleur des autres.
Mohamed Mouloudj