Mustapha Bendjama est né le 29 juillet 1990 à la Place d’armes à Annaba. Il grandit dans ce quartier populaire de la ville au sein d’une famille modeste et aimante. Il étudie au lycée Saint Augustin, l’un des meilleurs d’Annaba, où il obtient le baccalauréat scientifique avec mention. Mustapha décroche une inscription à la prestigieuse école nationale préparatoire aux études d’ingénieur de Rouiba (Alger) où il passe deux années. Il décide finalement de faire un transfert vers l’université de Bordj Badji Mokhtar (Annaba) pour s’inscrire à la licence en actuariat, l’étude des risques par les statistiques prédictives.
Durant ses études universitaires, Mustapha s’implique comme bénévole pour collecter du matériel scolaire pour les enfants démunis. Parallèlement à ses études, il manifeste un fort intérêt pour le journalisme. Durant les vacances universitaires, Mustapha collabore avec le quotidien francophone Le Provincial, dont il intègre l’équipe de rédaction à la fin de son Master en actuariat. Son talent et son professionnalisme sont rapidement repérés et il devient rédacteur en chef du journal à seulement 26 ans.
Mustapha mène notamment des enquêtes d’investigation sur les affaires de corruption qui lui valent des soucis avec les autorités locales. L’année 2019 marque un tournant dans sa vie. Profondément touché par le sentiment d’humiliation d’un éventuel 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika, il fait partie des premières voix à s’élever contre ce projet, en organisant un sit-in de contestation à Annaba en novembre 2018. Le rassemblement dure quelques minutes avant d’être réprimé par les autorités.
Actif et très engagé pour la liberté d’expression, Mustapha Bendjama filme et documente le mouvement populaire chaque vendredi. Très rapidement, il fait face à un harcèlement judiciaire et sécuritaire qui lui vaut des passages répétés par les commissariats de police et les tribunaux. Avec pas moins de huit procès depuis 2019, il est certainement l’un des journalistes les plus harcelés en Algérie. En octobre 2022, il est empêché arbitrairement de quitter le pays. Mustapha porte plainte et tente de rassembler des cas similaires pour engager une action collective contre le ministère de l’Intérieur.
Il se fait arrêter en février 2023 dans son bureau, accusé injustement d’avoir aidé la militante Amira Bouraoui à quitté clandestinement le pays. Sur la base d’échanges retrouvés sur son téléphone avec des ONG et ses confrères à l’étranger, il est condamné à dix-huit mois de prison ( huit mois ferme et un ans de sursis) un dans une première affaire, puis à six mois dans une deuxième affaire. Il est détenu à la prison de Boussouf à Constantine.