Mohad Gasmi Ben Abderrahmane est né le 11 décembre 1975 dans le Ksar de Bouda (Adrar) au sud du pays. Dans sa jeunesse, Mohad lit, s’interroge sur son avenir avant de prendre en charge le petit atelier de soudure de son père et en faire son métier. Mohad poursuit néanmoins ses études jusqu’au lycée et devient père de trois enfants.
Durant les années 2000, il prend conscience de l’importance de l’engagement citoyen, de la marginalisation et du sous-développement du Sud, pourtant riche en ressources naturelles. Il rejoint en 2011 la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC), mouvement appelant à une redistribution équitable des richesses. Ceux qui l’ont côtoyé de près le qualifient « de battant à l’âme de rebelle ».
En mars 2013, le CNDDC organise une grande manifestation à Ouargla, à laquelle les autorités y répondent par la répression et le harcèlement judiciaire. Même si le mouvement s’essouffle, Mohad est convaincu que la bataille des chômeurs a ouvert des brèches. En décembre 2014, le premier forage pilote de gaz de schiste à In Salah est annoncé par le gouvernement, Mohad se retrouve parmi les leaders des manifestations pacifiques anti-gaz de schiste. En mars 2015, il participe au Forum social mondial (FSM) à Tunis et défend avec brio le combat du premier mouvement anti-gaz de schiste au Maghreb. Le militant algérien participe également à la COP22 (2016) au Maroc où il fait honneur à l’Algérie en défendant une conception populaire de la transition écologique.
Avec l’avènement du Hirak, Mohad participe à toutes les manifestations. Comme des millions d’Algériens, il rêve de liberté, de justice et de dignité. Le militant subit des pressions surtout lorsque la nouvelle loi sur les hydrocarbures (19-13) est promulguée.
Mohad est arrêté le 8 juin 2020, sa maison est perquisitionnée, puis il est placé en détention provisoire avec notamment des accusations d’« apologie du terrorisme » suite à une publication Facebook. Mohad Gasmi fait plusieurs grèves de la faim pour protester contre sa détention arbitraire. Il est finalement condamné dans deux affaires, la première à trois ans de prison, dont un an avec sursis, et la seconde à deux ans. Mohad a obtenu à deux reprises son baccalauréat en détention. Il croupit en prison depuis presque quatre années et se trouve actuellement au centre pénitentiaire d’El Menia.