Ali Aoun, ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique, et Tayeb Zitouni son homologue du Commerce et de la promotion des exportations, ont donné, ce matin, le coup d’envoi officiel de la commercialisation des voitures de la marque chinoise Chery en Algérie. A première vue, l’événement est banal. Toutefois, il s’agit de voitures.
Un produit interdit d’importation depuis près de cinq longues années. Après de moult cafouillage et des tergiversations, le pouvoir autorise finalement des concessionnaires à importer des voitures et les revendre. Une simple activité commerciale calquée sur la même activité des concessionnaires sous l’air Bouteflika. Une activité que le pouvoir actuel a décriée mais qui a fatalement fini par reproduire. Si l’importation des voitures est une nécessité, il n’en demeure pas moins que le choix du moment laisse perplexe. Interdite pendant une longue période et le montant qui devrait être destiné à l’importation des voitures a été toujours présenté comme « un gain » par les autorités.
Ces dernières immobilisées qu’elles sont par d’abord leur illégitimité, ensuite par une incompétence criarde, elles tentent de présenter les économies réalisées à partir « de privations » comme une prouesse économique. Loin s’en faut, le moment choisi pour relancer le commerce des voitures semble être le point nodal de toute cette opération de communication où deux ministres et pas des moindres s’y sont incrustés pour dire « la volonté » du chef de l’Etat pour relancer l’activité et jeter ainsi les bases d’une industrie automobile proprement dite.
Le show de ce matin vient quelques jours seulement après la première sortie sur le terrain de M. Tebboune. Même si reçu timidement par les citoyens de la wilaya de Djelfa, le chef de l’Etat a tenté de reprendre le contrôle de l’espace public, pris en otage jusque-là, par les forces de répression. L’objectif étant de redonner vie à une autorité imposée par la répression, mais il sera tout de même hasardeux sans qu’elle soi validée par un semblant de front social apaisé. Il va de soi que le pouvoir ne lâchera pas prise, mais a-t-il les moyens d’imposer une issue à la prochaine présidentielle sans trouver des lièvres pour le candidat adoubé ?
Difficile pour eux de parier sur une élection sans électeur, mais aussi sans candidats. La relance de l’activité de commercialisation de voitures avec toutes les déclarations qui s’en suivent à chaque fois ne sont qu’une invitation aux citoyens pour reprendre langue avec le pouvoir. Une manière de l’inviter à les accompagner dans leur projet de second mandat, avec comme promesse, le raccommodage superfétatoire de ce qui est en lien direct avec la vie quotidien des citoyens.