Cette condamnation potentielle constitue pour nombreux défenseurs des droits humains, « une atteinte grave à la liberté d’expression et à la défense des valeurs fondamentales » qui, faut-il le souligner, sont au cœur de l’actualité politique depuis plus de trois ans, en Algérie.
Au terme d’un expéditif et sévère réquisitoire, le procureur de la République près le tribunal correctionnel de Bou Saâda dans la wilaya de M’sila, à l’Est du pays, a réclamé ce dimanche 18 juin, une peine de trois ans de prison ferme à l’encontre de la militante du Hirak, Amal Naïli, apprend-on auprès du Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Dans cette affaire où elle a été incarcérée le 21 mars 2023, avant d’être remise en liberté provisoire, le 18 avril, la militante, de son vrai nom Nabila Beza, est accusée de « publication d’informations malveillantes visant à porter atteinte à la sécurité publique ou à l’ordre public», de «mise à la portée du public des photographies obtenues sans l’autorisation de leur propriétaire», d‘«outrage à agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions» et d’«outrage à corps constitués».
Cette condamnation potentielle constitue pour nombreux défenseurs des droits humains, « une atteinte grave à la liberté d’expression et à la défense des valeurs fondamentales » qui, faut-il le souligner, sont au cœur de l’actualité politique depuis plus de trois ans, en Algérie.
Témoin clé de la répression croissante des voix dissidentes qui osent remettre en question les injustices et les abus, Amal Naïli a en effet, été poursuivie, de nombreuses fois, par la justice algérienne. Cette dernière lui reprochait notamment l’« incitation à un attroupement non armé ». Accusation de laquelle, elle a été relaxée le 29 mai dernier par le tribunal correctionnel de Bou Saâda. Et bien que cette décision soit un signe de victoire et d’espoir, il n’en demeure pas moins qu’elle risque d’être, une nouvelle fois, privée de sa liberté. Aussi, sera-t-elle fixée sur son sort le 25 juin prochain.
Yasmine Khaldi