Le durcissement de la peine en appel contre le journaliste Ihsane El Kadi, a suscité ce dimanche 18 juin, de nombreuses réactions empreintes de colère et d’incompréhension, à travers tout le pays.
« Sombre et triste journée dans « l’Algérie nouvelle » », « inqualifiable », « impardonnable mépris des lois »…L’indignation est à son comble depuis l’annonce du verdict dans le procès en appel de Ihsane El Kadi. Au terme d’une vingtaine de jours de délibérations, la Cour d’Alger a en effet condamné le journaliste et directeur du groupe Interface-Médias, à une peine de sept ans de prison dont cinq ans ferme pour « réception de fonds et d’avantages de provenance étrangère aux fins de se livrer à une propagande politique ».
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie, a été le premier à réagir. Le parti de Atmane Mazouz a exprimé sa « révolte » et sa « honte » qu’en Algérie, « on fasse subir autant d’acharnement contre la parole et l’opinion libre. »
« Sombre et triste journée dans « l’Algérie nouvelle » », commente -t-il dans une publication sur sa page Facebook.
« Le journaliste Ihsane El Kadi vient de voir sa peine alourdie, aggravée parce que la plume et la parole ne peuvent plus faire le poids devant l’injustice d’une justice aux ordres », estime-t-il. Avant de fustiger : « La dictature de la balance érigée et réglée en mode de règlement de comptes doit cesser ! »
De son côté, Fethi Ghares, coordinateur national du Mouvement démocratique et social, suspendu de ses activités, depuis le 23 février dernier, affirme que la condamnation de Ihsane El Kadi à sept ans de prison ferme « est venue une nouvelle fois confirmer que le régime ne veut ni dialogue, ni d’apaisement, ni pluralisme, ni candidat consensuel pouvant fédérer le peuple autour de la prochaine élection présidentielle, ni partis politiques, ni opposition, ni presse, ni syndicats et encore moins de pluralisme politique. »
Il poursuit son réquisitoire en affirmant que « le régime veut supprimer la phase post-22 février 2019 et assurer son avenir en éeffaçant la politique de nos esprits et en la déracinant par la force, l’oppression, l’intimidation, le désespoir, la fraude et la distorsion. »
« Abdelmadjid Tebboune souhaite à Moscou que l’humanité vive en paix et prive le peuple algérien de la paix dans sa patrie », conclut-il.
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #freeIhsaneElKadi inonde Twitter. Sur Facebook, des dizaines de militants et d’activistes ont remplacé leur photo de profil par un fond noir avec des commentaires sur l’« incompréhension » ressentie face à ce qu’ils qualifient d’ «injustice». Des internautes dénoncent « un triste jour pour la liberté de la presse » en Algérie. D’autres considèrent la condamnation du journaliste comme « le reflet d’une époque sombre où les voix dissidentes sont réprimées, réduites au silence et condamnées. »
Yasmine K.