En dépit des efforts de sa défense pour démontrer son innocence, la cour d’Alger a choisi de durcir la peine en appel contre le journaliste Ihsane El Kadi, envoyant un signal alarmant quant à la liberté de la presse en Algérie.
En effet, le journaliste et directeur du groupe Interface-Médias (Radio-M, Maghreb Émergeant), a été condamné ce dimanche 18 juin, à une peine de sept ans de prison dont cinq ans de prison ferme, apprend-on auprès de Me Zoubida Assoul, membre du Collectif de défense des détenus d’opinion.
Cette décision a suscité un profond sentiment d’injustice parmi ses soutiens, et ce, en raison « des éléments à charge inexistants retenus contre lui », avaient, alors, affirmé ses avocats au sortir du procès qui s’est tenu le 4 juin dernier.
« Scandaleux » , « choquant », « disproportionné »…les réactions se sont enchainées dès l’annonce du verdict, soulevant encore une fois de graves préoccupations quant à l’indépendance du système judiciaire et à la protection des journalistes. En effet, les attaques contre la presse libre se sont multipliées, notamment depuis l’accession de Abdelmadjid Tebboune, à la magistrature suprême en décembre 2019. Des dizaines de journalistes ont été poursuivis, condamnés, voire emprisonnés, pour avoir exercé leur travail. Parmi eux, Ihsane El Kadi qui, rappelons-le, a été condamné par le tribunal de première instance de Sidi M’hamed (Alger), à une peine de cinq ans de prison dont trois ans de prison ferme pour « réception de fonds et d’avantages de provenance étrangère aux fins de se livrer à une propagande politique».
Le tribunal avait également prononcé « la dissolution de la société Interface Médias, éditrice de Radio M et de Maghreb Émergent, la confiscation des biens saisis, une amende de 10 millions Da ainsi que 1 million de dinars de dédommagement à l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV). »