Sétif, Algérie – 23 décembre 2025 – L’avocat algérien Mounir Gharbi, défenseur des droits humains bien connu pour son travail avec le Collectif national pour la libération des détenus d’opinion, doit comparaître le 28 décembre 2025 devant le Tribunal de Sétif pour contester une condamnation prononcée par contumace le 16 février 2025. Cette condamnation a frappé trois ans de prison, dont deux ans ferme, pour des publications qu’il a diffusées sur Facebook, considérées par les autorités comme susceptibles de nuire à l’intérêt national.
Cette peine fait suite à des poursuites judiciaires engagées contre M. Gharbi en lien avec l’exercice de son droit à la liberté d’expression, exercé pacifiquement, notamment en rapport avec des commentaires sur l’arrestation et le décès de Madani Lslous, événements déjà largement couverts par les médias publics et privés.
Parallèlement à cette procédure, Gharbi fait face à un second dossier judiciaire distinct, directement lié à l’exercice de sa profession d’avocat. Les autorités l’accusent d’« insultes et violences contre des fonctionnaires et des institutions de l’État » pour une plaidoirie prononcée le 14 septembre 2020, où il réclamait le respect des droits fondamentaux de détenus d’opinion dont il assurait la défense.
Un climat judiciaire qui inquiète la société civile
La situation de Mounir Gharbi s’inscrit dans un contexte plus large de poursuites judiciaires contre des voix critiques en Algérie, qui mobilisent des organisations de défense des droits humains. Le Conseil des barreaux européens (CCBE) a écrit au président Abdelmadjid Tebboune pour exprimer son inquiétude, soulignant que la condamnation de Gharbi et le « harcèlement judiciaire » dont il est l’objet reflètent une tendance à réduire l’espace de liberté pour les défenseurs des droits humains.
Des organisations internationales ont documenté l’usage de dispositions pénales vagues pour poursuivre des activistes, journalistes et avocates. Un rapport du Civicus Monitor note que des autorités algériennes ont bloqué l’accès en Algérie au site de Riposte Internationale, une plateforme d’information sur les arrestations arbitraires, détentions politiques, convocations devant les tribunaux et condamnations de militantes, dont celles visant des défenseures des droits humains.