La situation syndicale en Algérie connaît une nouvelle escalade inquiétante, révélatrice d’un climat de répression qui ne cesse de s’aggraver. Dix dirigeants de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ont été placés en détention préventive à la suite d’un débrayage spontané des travailleurs du secteur ferroviaire. Ils font face à des accusations à caractère criminel, largement dénoncées par les défenseurs des libertés syndicales comme étant infondées et politiquement motivées.
Cette vague d’arrestations s’inscrit dans un contexte marqué par une intensification des pressions exercées contre les militants et les organisations syndicales. Depuis l’adoption de la loi 23-02, déjà critiquée pour ses restrictions sévères à l’action syndicale, les pratiques d’ingérence et de contrôle de l’État se sont accrues, fragilisant considérablement le droit d’organisation et d’expression du mouvement ouvrier.
Face à ces arrestations, l’attitude de l’UGTA interroge : aucune déclaration, aucune prise de position officielle n’a été formulée pour défendre les cadres incarcérés. Ce silence, perçu comme une forme d’alignement sur les orientations gouvernementales, choque jusque dans les rangs de ses propres militants.
La situation s’est encore tendue à la suite de la visite, en février 2025, de Luc Triangle, Secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI). Son déplacement à Alger, marqué par des rencontres exclusivement officielles et l’absence totale de consultation avec les syndicats autonomes, a suscité une vive incompréhension. Beaucoup y voient une occasion manquée voire une légitimation involontaire du durcissement des autorités envers les organisations indépendantes.
Cette mise à l’écart a contribué à fragiliser davantage un mouvement syndical autonome déjà sous pression, renforçant le sentiment d’isolement de ces organisations face à un pouvoir déterminé à contrôler toute forme d’expression contestataire.
Les syndicats autonomes tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme : la liberté syndicale en Algérie se trouve dans une zone de danger sans précédent. Ils exhortent leurs partenaires internationaux à rester mobilisés, à dénoncer les atteintes en cours et à encourager la CSI à réaffirmer son soutien sans ambiguïtés au mouvement syndical indépendant.
Ils appellent également à un soutien actif envers les dirigeants syndicaux emprisonnés pour leur engagement en faveur des droits fondamentaux des travailleurs, rappelant que défendre ces militants, c’est défendre l’existence même du syndicalisme libre et démocratique dans le pays.