À moins de deux semaines d’une audience qui s’annonce sensible, plusieurs anciens militants du mouvement de contestation populaire Hirak sont appelés à comparaître devant la justice algérienne. Selon les informations relayées par le journaliste Kacem Saïd, vingt personnes au total, parmi lesquelles d’anciens détenus d’opinion et des membres de leurs familles, sont convoquées devant le Conseil judiciaire d’Alger le 16 septembre 2025.
Parmi elles figure Abdelkader Karim, père de l’ancien prisonnier politique Karim Hamza Elias, connu à Oran pour son engagement aux côtés des militants du Hirak. Sa convocation, aux côtés de 19 autres personnes issues du même mouvement, illustre une nouvelle vague de poursuites judiciaires visant des figures et proches de la contestation qui a marqué le pays depuis 2019.
Des accusations lourdes
Les convocations s’accompagnent de charges particulièrement graves. Les concernés devront répondre d’accusations allant de la menace à l’unité nationale à l’incitation au rassemblement, en passant par le trouble à l’ordre public. D’autres chefs d’inculpation, non détaillés pour l’instant, figureraient également dans les dossiers.
Ces accusations rappellent celles qui avaient déjà été utilisées à l’encontre de nombreux militants du Hirak au cours des dernières années. Si certains avaient bénéficié de libérations conditionnelles ou d’amnisties partielles, d’autres continuent de faire l’objet de mesures judiciaires, alimentant les inquiétudes d’organisations de défense des droits humains.
Le Hirak, un mouvement sous surveillance constante
Le Hirak, né en février 2019 pour protester initialement contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avait rapidement pris l’ampleur d’un mouvement national réclamant des réformes politiques profondes et la fin de la corruption généralisée. Bien que ses manifestations massives se soient atténuées avec la pandémie de Covid-19, le mouvement reste une référence politique et citoyenne en Algérie.
Cependant, les autorités ont régulièrement encadré, limité ou interdit les rassemblements liés au Hirak, et poursuivi en justice plusieurs de ses animateurs. Les convocations récentes témoignent de la persistance de ce climat de tension entre les institutions judiciaires et les anciens acteurs de la contestation.
Attente et inquiétude
À l’approche du 16 septembre, la communauté militante ainsi que les familles des personnes convoquées suivent de près l’évolution de la situation. Pour les défenseurs des droits humains, ces nouvelles procédures s’inscrivent dans une stratégie de dissuasion visant à décourager toute résurgence du Hirak, à un moment où la scène politique algérienne reste traversée par de fortes incertitudes.