Riposte Internationale

27 migrants meurent à Melilla : Riposte internationale rend Hommage et dénonce la responsabilité conjointe du Maroc et de l’Espagne

Drame de Milila

Au poste frontalier de Barrio Chino, lors d’une manifestation marquante, le Forum social maghrébin pour la migration a exprimé son soutien indéfectible et rendu hommage aux victimes de la tragédie de Mellila. Cette manifestation s’est déroulée dimanche dernier, dans le cadre de la 5ème édition du forum qui se tenait à Nador, à proximité du lieu du drame.

Au cours de cette commémoration poignante, l’ONG non-gouvernementale présente à cet événement, a vivement critiqué la responsabilité du Maroc et de l’Espagne dans la mort de 27 migrants et la disparition de 64 autres, des chiffres qui ont été corroborés par des ONG de défense des droits humains.

Également présents lors de cette occasion, des militants des droits humains venus d’Espagne, du Maroc, d’Algérie et de Tunisie ont rendu hommage aux victimes en déposant une gerbe de fleurs sur le lieu du drame. Ils ont manifesté avec des banderoles dénonçant fermement ce qu’ils qualifient de «crime».

Des manifestants ont également affiché des slogans exigeant une enquête indépendante afin de faire toute la lumière sur cette tragédie, avec la volonté ferme de ne plus jamais voir le drame de Barrio Chino se reproduire.

Retour sur un drame sans précédent

Ce triste jour du 24 juin 2022, une scène déchirante se déroulait devant nos yeux. Des dizaines de migrants, figés dans l’immobilité, se tenaient au pied des forces de l’ordre marocaines. Vêtus de haillons, certains étaient blessés, les mains attachées dans le dos. Peu de temps avant, ils avaient entrepris de forcer le poste-frontière.

Selon les autorités marocaines, au moins 23 migrants ont tragiquement perdu la vie «dans des bousculades et en tombant de la clôture en fer». Toutefois, les migrants eux-mêmes ainsi que les organisations non gouvernementales ont dénoncé la répression violente exercée par les forces de l’ordre comme étant la cause de cette tragédie. En effet, les policiers marocains et espagnols ont vivement été critiqués pour «leur utilisation massive de gaz lacrymogène, alors que les migrants, majoritairement originaires du Soudan, essayaient de traverser le poste-frontière étroit et fermé ou d’escalader une clôture métallique surmontée de barbelés. Parallèlement, les autorités espagnoles ont immédiatement renvoyé une centaine d’entre eux».

La tragédie de Beni Ensar attestée par des vidéos et des témoignages révélateurs

Les images saisissantes se sont figées à Beni Ensar, une enclave étroitement liée à l’Europe, malgré son emplacement en Afrique. Les vidéos amateurs, méticuleusement authentifiées et géolocalisées par plusieurs médias, ont dévoilé les scènes de cette tragédie. Les témoignages recueillis, quant à eux, se sont entrelacés tels des fils de vérité, permettant de reconstituer les événements qui ont conduit à cette sombre destinée.

 «Des migrants vivent depuis des années dans des campements de fortune, disséminés dans la forêt du mont Gourougou en périphérie de la ville, faisant face aux pressions policières qui les privent parfois d’eau et de nourriture.  Dans ces conditions précaires, les migrants ont minutieusement préparé leur tentative de passage le 24 juin 2022, une préparation qui aurait duré au moins un mois», a-t-on révélé lors du Forum social maghrébin sur la migration.

Ayant été mises au courant du projet, les forces de l’ordre marocaines ont entamé une opération de ratissage dans la forêt le 23 juin 2022, dans le but de déloger les migrants, mais sans parvenir à atteindre leur objectif.

Des affrontements se déclenchent, largement diffusés par les médias locaux. «On nous accordé un délai de 24 heures pour évacuer les lieux», raconte-t-on.

Rapport préliminaire du CNDH et responsabilités controversées

Le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), organisme officiel marocain chargé d’enquêter sur cette tragédie, a publié un rapport préliminaire indiquant que les migrants sont décédés suite à une «asphyxie mécanique», principalement dans la zone tampon du poste-frontière, où se trouvent des tourniquets manuels permettant le passage d’une seule personne à la fois.

Comme on pouvait s’y attendre, l’enquête a disculpé les forces de l’ordre marocaines et a mis en cause les autorités espagnoles pour avoir maintenu fermé le poste-frontière, selon les conclusions de l’organisation gouvernementale. Parallèlement, la justice espagnole a classé son enquête, tandis que du côté marocain, seuls des migrants ont été condamnés à de la prison ferme pour des actes de violence et de dégradation.

Lila MOKRI