Riposte Internationale

Tunisie : un tribunal militaire condamne un blogueur à sept ans de prison

nasr eddine el halimi

Le tribunal militaire de première instance du Kef, nord-ouest tunisien, a condamné, le 7 mars, le blogueur incarcéré Nasr Eddine Al-Halimi à sept ans de prison sur la base du décret controversé n° 54.

Le tribunal militaire du Kef a condamné Nasr Eddine Al-Halimi à six ans de prison ferme pour « avoir utilisé des réseaux et des systèmes d’information et de communication pour produire, distribuer, publier, envoyer de fausses informations, données et rumeurs, ainsi que d’attribuer de fausses informations à un agent public, dans le but de le diffamer, de déformer sa réputation, de lui nuire matériellement et moralement, atteinte à ses droits et incitation à des attaques contre lui. En plus de cette accusation, il a été condamné pour « incitation au discours de haine », d' »atteinte à la sécurité publique » et « diffusion de la terreur parmi la population ».

Dans le même contexte, le même tribunal l’a condamné à un an de prison ferme pour avoir « porté atteinte à l’esprit du système militaire, à l’obéissance aux supérieurs et au respect qui leur est dû dans l’armée », et pour avoir « critiqué les actions du commandement général et des responsables des actions de l’armée d’une manière qui porte atteinte à leur dignité ».

La défense du blogueur a exprimé son refus du principe de juger des civils devant un tribunal militaire et dénoncé les poursuites sur la base du décret n° 54 qui entrave à l’exercice de la liberté d’expression. Elle a annoncé, dans ce sens, son intention de faire appel de ce jugement.

Notons que Nasr Eddine Al-Halimi est en détention depuis treize mois dans une prison civile, suite à sa comparution devant le premier juge d’instruction près le tribunal militaire du Kef. Il est accusé d’avoir porté atteinte à la dignité de l’armée nationale et d’avoir propagé des rumeurs, en violation des dispositions du décret n° 54.

Selon la défense, les articles incriminés critiquent le fonctionnement de l’institution militaire et de la politique du président Kais Saied dans la gestion du pays. Certains de ces articles ont été rédigés par Nasr Eddine Al-Halimi lui-même, tandis que le reste c’est des articles qu’il a partagés sur son compte personnel sur Facebook.