Le journaliste de Jeune Afrique Farid Allilat a été expulsé arbitrairement d’Algérie, le samedi 13 avril. Dans un long post sur son compte Facebook, il a partagé le récit de son refoulement à l’aéroport d’Alger.
« Moi, Farid Alilat, journaliste à Jeune Afrique, et citoyen algérien, j’ai été expulsé samedi 13 avril 2024 de l’aéroport international d’Alger après avoir passé plus de 11 heures dans les locaux de PAF et de la police judiciaire (PJ) de cet aéroport », a-t-il indiqué.
Dans son témoignage, Farid Allilat raconte que tout a commencé vendredi 12 Avril lors de son arrivée à la PAF à 18h30. Il est dirigé vers une salle, son téléphone portable et son ordinateur sont confisqués et ses documents sont scannés. Il affirme avoir subi une « audition », qui a duré de vendredi à 22h jusqu’au samedi à 4h du matin dans les locaux de la police judiciaire de l’aéroport.
Il précise que les officiers de police ne lui avaient montré aucun document justifiant le motif de cette arrestation. « Trois officiers se relaient pour m’interroger sur tout. Ma filiation, mon cursus scolaire, ma situation personnelle. On m’interroge sur mes voyages, sur les personnes que je rencontre quand je viens en Algérie, sur mes écrits, sur la ligne éditoriale de mon journal, sur l’objet de mon voyage, sur le MAK, sur les opposants algériens à l’étranger », témoigne-t-il.
« Au bout d’un moment, on me demande d’ouvrir mon téléphone et mon portable pour qu’ils puissent y accéder. Je n’ai rien à cacher. On m’interroge encore sur mes écrits sur Jeune Afrique, sur mes publications sur Facebook et sur twitter, sur mes antécédents judiciaires en Algérie et en France », ajoute-t-il.
Farid Allilat précise qu’il réside en France et qu’il possède la nationalité algérienne et un seul passeport algérien. Son interrogatoire s’est achevé à 4h du matin et il a été expulsé vers la France : « vers 5h30, je demande à un policier ce qui se passe. Il m’annonce que je vais être refoulé dans l’avion de 7h du matin », raconte-t-il. Et d’ajouter : « Je demande à l’officier qui me raccompagne que je fais l’objet d’un refoulement. Il me dit : “Non, on vous reconduit dans l’avion.” Je lui dis que c’est une expulsion d’un citoyen algérien et d’un journaliste, il me dit : “Non, qu’il me reconduit juste à l’avion pour repartir.” Je lui demande pourquoi et qu’est-ce qui justifie cette exclusion. Il me dit : » Ce sont des instructions. » », poursuit il.
C’est là que le journaliste a confirmé qu’il a été expulsé : « Je suis donc expulsé de mon pays sans aucune justification verbale ou écrite. Je n’ai reçu aucun document écrit d’une quelconque autorité algérienne pour justifier cette décision arbitraire, illégale et anti constitutionnelle comme le stipule l’article 49 de la Constitution. Je comprends parfaitement que mes articles dérangent. Je suis un journaliste libre. Je traite de l’actualité de mon pays en journaliste libre et indépendant. Je comprends tout aussi parfaitement qu’on ne souhaite pas me voir venir en Algérie pour effectuer mon travail de journaliste. Avec cette décision, ce ne sont plus mes articles qui dérangent. », affirme-t-il.