Riposte Internationale exprime sa plus vive inquiétude face à la dégradation critique de l’état de santé de M. Chérif Mellal, détenu d’opinion en grève de la faim depuis le 3 mars 2025, soit depuis 28 jours à ce jour.
Ancien président de la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK), M. Chérif Mellal est incarcéré depuis janvier 2023, à la suite d’une série de procédures judiciaires entachées d’opacité, d’irrégularités et de violations de ses droits fondamentaux. Le 9 octobre 2024, il a été condamné à quatre ans de prison ferme et à une amende de 224 millions de dinars, sur la base d’accusations controversées de « blanchiment d’argent » et de « violation de la législation sur les changes ». Il conteste fermement ces accusations, les qualifiant d’instrumentalisation politique, tandis que ses avocats dénoncent l’absence de garanties procédurales élémentaires.
Depuis plus de deux ans, M. Chérif Mellal est soumis à une détention préventive prolongée, jalonnée de grèves de la faim répétées visant à dénoncer un acharnement judiciaire et une privation persistante de ses droits à un procès équitable. Bien qu’une décision de relaxe ait été prononcée en janvier 2024 dans une autre affaire liée à une prétendue atteinte à l’unité nationale, aucune remise en liberté ne lui a été accordée. Ses multiples recours sont restés sans réponse concrète. Confronté à une situation d’injustice persistante et à l’absence de perspective judiciaire équitable, l’intéressé a choisi de recourir à l’ultime forme de protestation non-violente : la grève de la faim illimitée.
À ce jour, sa santé est gravement compromise. Après 28 jours sans alimentation, les signes cliniques sont alarmants. Chaque heure qui passe aggrave le risque vital. La vie de M. Chérif Mellal est désormais en péril.
La responsabilité de préserver l’intégrité physique et psychologique de toute personne privée de liberté incombe aux institutions compétentes. Ce principe fondamental est non seulement une exigence morale, mais aussi une obligation juridique découlant de la Constitution algérienne et des engagements internationaux de l’Algérie en matière de droits humains.
Des précédents dramatiques rappellent l’urgence d’agir. En 2016, Mohamed Tamalt est décédé en détention après une grève de la faim. En 2019, Kamel-Eddine Fekhar a subi le même sort. Hakim Debbazi, 55 ans, arrêté en février 2022 pour des publications sur les réseaux sociaux en lien avec le mouvement prodémocratie Hirak, est décédé le 24 avril en prison. Les avocats avaient déclaré dans un communiqué que Hakim Debbazi a été « retrouvé mort dans des circonstances troubles dans la prison de Koléa », près d’Alger.
Ces tragédies ont profondément marqué l’opinion publique et révélé de graves défaillances dans la prise en charge des détenus d’opinion. Il apparaît aujourd’hui nécessaire d’éviter qu’un nouveau drame ne vienne s’ajouter à cette liste funeste. Aussi, la responsabilité des autorités quant à la vie ou la mort de M. Mellal est engagée. Nous interpellons les instances internationales et les tenons à témoins devant cette situation particulièrement dramatique.
Malgré les appels répétés de la famille de M. Chérif Mellal, de ses avocats et de nombreuses organisations de défense des droits humains, les signaux d’alerte n’ont jusqu’ici pas été pris en compte. Cette inaction prolongée devient chaque jour plus lourde de conséquences.
Riposte Internationale estime qu’il est encore temps d’agir. Plusieurs mesures urgentes peuvent être envisagées, notamment :
-La garantie d’une prise en charge médicale urgente et d’un suivi indépendant de l’état de santé de M. Chérif Mellal ;
-La fin de la détention préventive prolongée, qui ne repose sur aucune base légale ou morale justifiable ;
-La mise en place d’un procès équitable, public et conforme aux standards internationaux ;
-Une réponse institutionnelle claire aux revendications de ce citoyen, qui ne cherche qu’à faire valoir ses droits fondamentaux.
Le sort de M. Chérif Mellal constitue un nouvel indicateur de l’état de l’Etat de droit en Algérie et du respect de ses principes fondateurs. La protection de la vie humaine, même en détention, demeure un fondement essentiel de toute justice digne de ce nom. L’omission ou le refus d’assumer cette responsabilité est à considérer comme une renonciation à l’éthique, à la justice et à la dignité.
Il ne faudrait pas que l’Histoire garde la trace d’un nouvel échec tragique aux conséquences humaines irréversibles. Permettre à M. Chérif Mellal d’accéder à la justice et aux soins reviendrait simplement à se soumettre aux principes les plus élémentaires du droit et de l’humanité. La responsabilité de cette situation repose désormais sur les épaules des décideurs algériens dans leur ensemble, et plus particulièrement sur celles des titulaires de la Présidence de la République, du Premier ministère et du ministère de la Justice. Il leur incombe, à ce titre, un devoir éthique, moral et juridique d’agir sans délai afin de préserver la vie et les droits fondamentaux de M. Chérif Mellal.
Les regards sont tournés vers cette affaire. Le temps presse. L’Histoire jugera.
P/Riposte Internationale
Ali Ait Djoudi