COMMUNIQUÉ |
Stop à la censure, à la négation et à l’oubli des disparu·e·s en Algérie ! Depuis sa création, le Collectif des Familles de Disparues en Algérie (CFDA) est la cible de campagnes délibérées de censures, de restrictions, d’intimidations et d’enttraves. La mission d’établissement de la Vérité et d’obtention de la Justice sur les disparitions forcées en Algérie du CFDA dérange, et elle est aujourd’hui violemment attaquée. Depuis le début de l’année, les atteintes aux libertés individuelles et collectives se sont intensifiées. Les autorités algériennes ont empêché la tenue de deux événements organisés par le Collectif à Alger : l’un portant sur la justice transitionnelle, l’autre consacré à la Journée internationale des droits des femmes. Les forces de sécurité ont empêché physiquement la tenue de ces rencontres, bloquant l’accès aux participants et aux membres du CFDA et de SOS Disparus en encerclant les quartiers concernés. En parallèle de ces censures physiques, ce sont désormais des censures virtuelles. Nos outils de communication les plus essentiels sont attaqués : nos sites internet. Dès sa publication en 2016, notre radio en ligne, la Radio des Sans Voix, a été censurée. Son accès a été bloqué immédiatement, et reste inaccessible en Algérie, et son site internet fait sans cesse l’objet de tentative de piratage. Aujourd’hui, ces attaques ont franchi un nouveau seuil. Le site du Mémorial des Disparues a été entièrement piraté et détruit. Conçu comme un espace de mémoire en hommage aux victimes de disparitions forcées survenues en Algérie durant la décennie 90, ce site diffusait les visages, les noms et les histoires des disparu·e·s. Le site mettait en lumière des milliers de disparus et honorait leur mémoire. Le faire disparaître, c’est tenter de les faire disparaître une seconde fois. Et cela a continué : le site même du CFDA est désormais inaccessible depuis l’Algérie. Toutes ces attaques ne sont pas anodines, elles visent à réduire au silence les familles et à obstruer l’accès à l’information des défenseurs des droits humains, des chercheurs, des étudiants. Elles s’inscrivent dans une politique assumée de négation, de censure et de réécriture de l’histoire. Face à ces répressions, le CFDA condamne fermement ces tentatives de musulmanement. Son engagement est et reste intact. Le CFDA continue de faire vivre la mémoire des disparu·e·s, d’accompagner les familles dans l’établissement de la Vérité, de documenter les violations et d’exiger la Justice. La mission est claire : lutter contre l’oubli, faire la lumière sur les crimes du passé, obtenir Vérité et Justice pour les victimes, et empêcher que de telles horreurs se répètent. Contre la censure, nous opposons la mémoire. Nous poursuivrons notre travail, avec détermination et dignité. Nassera DUTOUR Présidente du CFDA |